Excursion à Troyes
jeudi 13 juin 2024
« Il n’est peut-être pas de canton en France qui renferme des vitres peintes aussi précieuses et en si grand nombre que dans la ville de Troyes en Champagne »[i] disait Pierre Le Vieil (1708-1772) qui était un célèbre maître-verrier au XVIIIe siècle. Le désir de voir et surtout de comprendre comment sont créées, mises en place, rénovées ces « vitres peintes » explique l’excursion organisée le 13 juin à Troyes. Ce sujet avait attiré de nombreux participants (50 au total), ce qui entraina de fait la création de deux sous-groupes, pour que chacun puisse profiter au mieux des explications.
La journée commença par la visite de la Cité du Vitrail, inaugurée en décembre 2022 et installée dans l’enceinte de l’Hôtel-Dieu-le-Comte – fondé par Henri Ier le Libéral, comte de Champagne, au centre de la ville. Sous une magnifique charpente datant de la construction du bâtiment, l’histoire chronologique du vitrail a été reconstituée sur 3000 m2, mettant les œuvres d’époque à hauteur des yeux des visiteurs, qui habituellement ne les voient que « d’en-bas ». La présentation commence par des fragments datés du VIIIe siècle, passe par les vitraux-bijoux du Moyen Age, présente les évolutions stylistiques jusqu’à l’apogée du « beau XVIe ». une vingtaine d’ateliers existaient alors à Troyes. Les différentes techniques de coloration, de peintures des vitraux au fil du temps sont exposées, jusqu’aux innovations techniques et artistiques les plus contemporaines.
Après un déjeuner pris dans un restaurant installé dans l’une des maisons à pans de bois du XVIe siècle qui subsistent encore au centre de la ville, les deux sous-groupes se répartirent entre la visite de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul et un atelier de conception /fabrication/installation.
La cathédrale de Troyes, dont la construction a débuté vers 1200 et s’est terminée au XVIIe siècle, présente un ensemble assez exceptionnel de vitraux installés sur cette longue période sans avoir été détruits, du moins en grande partie. Ce qui permet au visiteur de voir « in situ » l’évolution des styles, des techniques, des couleurs… expliquée de façon plus didactique à la Cité du Vitrail.
Cette appropriation des techniques du vitrail a été consolidée par la visite d’un atelier, l’un des quatre ou cinq en France à avoir ce niveau d’expertise. Cette découverte, bien trop courte pour faire face à toute la curiosité intéressée des visiteurs, a permis malgré tout de mieux voir les difficultés rencontrées dans la restauration de vitraux endommagés au fil des siècles, le travail de remontage des filets de plomb, le travail du métal pour constituer les supports des vitraux, la découpe au jet d’eau …
De nombreuses questions auraient encore pu être posées… Mais il fallait envisager le retour sur Dijon, après une journée de découverte sur un sujet qui est rarement dans son ensemble, comme ces trois visites complémentaires, et passionnantes, souhaitaient le faire.
Annie Haïk
[1] Martine Callias Bey, Véronique David, Michel Hérold, Vitrail, peinture de lumière, Editions Lieux Dits, Lyon, 2006, p. 8.