Portrait de l’abbé Louis Gougenot
Tableau, 1757
Auteur : Jean-Baptiste GREUZE (Tournus, 1725 – Paris, 1805). École Française
Peinture à l’huile sur toile
Hauteur : 59,6 cm ; Largeur : 53 cm, (format ovale). Inv. 4977
Inscriptions / marques : Immatriculation au revers : « RF 1972 44 »
« La douceur, la modestie et la bienfaisance, constituaient le caractère de M. l’abbé Gougenot, et ses vertus étaient peintes sur son visage. Il aimait surtout à obliger, et sa manière de le faire ajoutait encore au bienfait. Ce sentiment, naturel dans son coeur, n’avait pas besoin d’être échauffé par les prières et les sollicitations ; il allait de lui-même au devant des occasions. Son âme généreuse ne connaissait pas de plus grande satisfaction que le plaisir délicat de surprendre agréablement la personne qu’il avait obligée… » C’est ainsi que Jacques-Antoine Sallé décrit Louis Gougenot (1719-1767), abbé commendataire de Chezal-Benoît à partir de 1764, dans son éloge posthume écrit pour le Nécrologe des hommes célèbres de France. Et c’est bien ainsi que nous le dépeint Greuze, lorsqu’il immortalise les traits de son mécène à son retour d’Italie, vers 1757.
Né en 1719, très occupé par sa charge de Conseiller d’Etat, Gougenot avait pour seul délassement son goût pour les arts, dans lesquels ses compétences étaient universellement reconnues, au point qu’il fut élu membre honoraire de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1756, et que certains artistes le consultaient pour la composition de leurs sujets allégoriques ou mythologiques.
Ayant formé très tôt le projet de se rendre en Italie, il concrétisa ce souhait en 1755, en proposant au jeune Greuze, alors tout juste agréé à l’Académie, de l’accompagner lors de son périple. Par ailleurs, son journal de voyage nous apprend qu’une fois sur place, « M. Greuze s’étant appliqué à Rome au travail, pour ne le point distraire dans ses études (…) je pris avec moi un Peintre, un Sculpteur, un Architecte et un Antiquaire : afin de rédiger avec plus de connoissance de cause mon sentiment sur les différents objets donc je voulois faire note. »
Greuze est aujourd’hui plus connu pour ses scènes de genre que pour ses portraits ; et pourtant celui-ci nous montre combien il était susceptible d’y exceller. Tout le caractère de Gougenot, qu’il connaissait bien puisque les deux hommes s’étaient fréquentés pendant toute la durée de leur séjour en Italie, se retrouve dans cette oeuvre. Ainsi, son caractère solitaire et pourtant sociable, décrit par Sallé dans son éloge : « il ne se plaisait point dans les compagnies nombreuses, où l’on se voit le plus souvent sans se connaître, et où l’on se connaît sans s’aimer. On peut dire à sa louange qu’au contraire de la plupart des autres hommes, il avait peu de connaissances, mais beaucoup d’amis ». Son tempérament délicat, fatigué par le voyage en Italie, son intelligence brillante et sa grande bonté sont également perceptibles dans l’oeuvre de Greuze. On comprend ainsi, en comparant celle-ci avec les descriptions du caractère de l’abbé, qu’elle fut particulièrement admirée au cours du XVIIIe siècle, au point qu’elle fut gravée après la mort de l’abbé, malgré son caractère intime et privé. (Notice de Matthieu Gilles extraite de « La Volupté du goût. La peinture française au temps de Madame de Pompadour », Tours, Portland, 2008-2009)
Historique : Gougenot, Louis ; Pigalle, Jean-Baptiste ; Gougenot de Croissy, Georges ; Gougenot, Louis-Georges ; Gougenot, Adrien ; Collection Henri Gougenot des Mousseaux ; 1857, Paris, Vente Metzer ; 1972, Paris, Palais Galliera, 22 novembre
Acquis avec le concours des musées nationaux et de la Société des Amis du Musée de Dijon, 1972. Inscrit sur les inventaires du Louvre, R.F. 1972-44
© photo Hugo Martens