La Lapidation de saint Etienne
Dessin, 1720
Auteur : Edme BOUCHARDON, (Chaumont, 1698 – Paris, 1762). École Française
Crayon noir sur papier
Hauteur : 33 cm ; Largeur : 56 cm. Inv. 1999-5-2
Inscriptions / marques : signature / date / dédicace / armoiries en bas, armoiries des Bouhier au milieu du texte : « Dessein du Bas-relief qui été posé au portail de l’abbaye / Saint-Etienne de Dijon en 1720 inventé et desseigné par/Edme Bouchardon de Chaumont-en-Bassigny qui l’a sculpté,/ dédié à Monsieur Bouhier de Lantenay, conseiller au/Parlement de Dijon/par son très humble et très obéissant serviteur/Edme Bouchardon fils. »
Ce dessin se rattache directement au décor de la façade de l’abbatiale Saint-Etienne de Dijon.
A la suite de l’écroulement de la nef en 1671, cet édifice fut en partie reconstruit dans les années suivantes et deux architectes furent sollicités pour le dessin de la façade occidentale.
Le Musée des Beaux-Arts de Dijon possède quatre autres projets pour cette façade.
Les deux premiers connus sont des élévations datées de 1716 et 1717 (respectivement acquis en 1952 et en 1993 de la collection Ronot) et signées Jean-Baptiste Bouchardon. Ces projets, qui intégraient d’emblée au tympan un haut-relief sculpté sur le thème de la Lapidation de saint Etienne, ne furent pas retenus.
C’est à Martin de Noinville, alors collaborateur de Jules Hardouin-Mansart pour le Palais des Etats de Bourgogne, que fut finalement confié le chantier. Le musée conserve également le dessin de ce projet définitif de 1718. L’architecte y respectait le parti du tympan sculpté sur le même sujet, et le haut-relief devait néanmoins être réalisé par Jean-Baptiste Bouchardon.
Enfin, un dessin du relief seul, daté de 1719 et signé Edme Bouchardon, fut acquis par le musée en 1968 sur le marché parisien.
Les deux dessins de 1718 et 1720 (inv. 1999-5-1 et 2) représentent le chaînon manquant dans la chronologie de la conception de ce décor, et permettent d’établir une suite logique de 1716 à 1720.
Ils constituent également trois états successifs du projet de Edme Bouchardon pour le relief lui-même.
Ils confirment ainsi l’intervention directe dès 1718 du jeune Edme Bouchardon pour ce projet, qui constitue sa première oeuvre sculptée. Il apparaît en effet que Jean-Baptiste a demandé à son fils de suivre la réalisation du relief. Selon une correspondance de Jean-Baptiste à Bouhier de Lantenay, datée du 31 mai 1720, on apprend que : « C’est luy (Edme) qui a travaillé ce bas-relief sous ma conduite : je luy en ay fait faire son étude comme son chef-d’oeuvre ».
Si le dessin de 1718 est inédit, celui de 1720 est connu au XIXe siècle : Louis Baudot, collectionneur dijonnais, en a retranscrit la dédicace, mais il est considéré comme perdu, voire détruit depuis 1958 (cf. Ronot, 1958 et Quarré, 1969, op. cit.).
Le projet de 1718 reprend, dans un format rectangulaire, les grands lignes de la composition du relief dessiné par Jean-Baptiste dans ses deux premiers projets : le martyre du saint au milieu, encadré de figures de bourreaux.
Mise à part l’adaptation du sujet dans la forme semi-circulaire du tympan et la présence d’angelots dans les écoinçons, le dessin de 1719 reste proche dans la composition générale du précédent. La technique de la pierre noire sur papier bleu utilisée dans les deux cas, est également caractéristique des dessins du début de la carrière de l’artiste, qui préférera la sanguine par la suite.
Dans la composition définitive de 1720, le sculpteur a apporté des modifications importantes qui introduisent une dynamique nouvelle : le saint toujours à genoux et implorant est dans une position inversée et surtout le nombre de bourreaux est plus important. La scène paraît moins vide et a plus d’unité.
Ce dessin, qui correspond à l’état sculpté réalisé, semble également préparatoire à une gravure, jamais retrouvée. La dédicace montre aussi que Bouhier de Lantenay, conseiller au Parlement de Dijon, fut chargé de suivre ces travaux.
Le bas-relief lui-même, posé en 1720, orne aujourd’hui le tympan du portail occidental de la cathédrale Saint-Bénigne, l’abbatiale Saint-Etienne devenue cathédrale en 1731, ayant été désaffectée à la Révolution.
Ces dessins présentent non seulement un intérêt historique et documentaire sur le décor d’un monument dijonnais, mais apportent également des éléments nouveaux sur les débuts de la carrière d’Edme Bouchardon. Ils révèlent aussi la maîtrise de la technique du dessin par le jeune artiste qui fut considéré comme l’un des grands dessinateurs du XVIIIe siècle. (d’après une notice d’Hélène Meyer, 1999)
Oeuvres en lien : 3999 Projet pour la façade de l’église Saint-Etienne de
1993-12-1 Projet de plan et élévation pour la façade de
1999-5-1 La Lapidation de saint Etienne
4777 La Lapidation de saint Etienne
Don de la Société des Amis des Musées de Dijon, avec le concours du Conseil Régional de Bourgogne (F.R.A.M.), 1999
© photo François Jay