Étude pour Notre-Dame de Lorette (recto)
Fragment d’une gravure de Van der Meulen (verso, découvert lors du démontage du cadre le 26 janvier 2001))
Dessin, 1851
Auteur : Jean-François MILLET (Gruchy, 1814 – Barbizon, 1875). École Française
Fusain. Hauteur : 36,7 cm ; Largeur : 21,6 cm (La feuille est découpée irrégulièrement.). Inv. 2000-8-1
Inscriptions / marques : cachet en bas à gauche en bordure : « JFM »
Co-fondateur avec Théodore Rousseau de l’École de Barbizon et du paysage moderne, Jean-François Millet a acquis la célébrité avec ses scènes champêtres au réalisme souvent empreint de mysticisme.
Issu d’une famille de paysans normands, il montre très jeune des prédispositions pour le dessin. Encouragé par son père, il part étudier à Cherbourg auprès de peintres locaux et copie les maîtres anciens au musée de la ville, récemment ouvert. Une pension octroyée par la municipalité lui permet de poursuivre son apprentissage à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1837. Il y fréquente l’atelier du peintre romantique Paul Delaroche. Ses échecs au Prix au Rome le privent de sa bourse et l’obligent à renoncer à cet enseignement officiel. Il expose au Salon à partir de 1842 et subit alors l’influence d’Honoré Daumier.
Présenté au Salon de 1848, Le Vanneur, premier d’une série de sujets paysans dont il se fera par la suite une spécialité, lui vaut les honneurs de la critique. Un an plus tard, il s’installe à Barbizon, hameau de bûcherons situé à la lisière de la forêt de Fontainebleau, avec le peintre animalier Charles Jacques, amateur de bergeries. Millet s’attache à peindre sur le motif, dans une nature encore préservée, des scènes rurales aux accents à la fois réalistes et poétiques. Le paysan et son travail y sont ici sublimés par une lumière et une gestuelle conférant à ses figures une dignité et une retenue quasi religieuses et intemporelles. C’est de cette période barbizonesque que datent ses tableaux les plus célèbres, devenus au fil du temps de véritables icônes du réalisme, reproduites ou détournées par la publicité et les surréalistes : Le Semeur (Salon de 1850), Des Glaneuses qualifiées de »trois Parques du paupérisme » au Salon de 1857, La Récolte de pommes de terre (1855), L’Angélus (1857-1859), Bergère avec son troupeau (Salon de 1864) … Après 1870, l’artiste privilégiera davantage les paysages et les jeux de lumière, annonçant ainsi déjà les innovations des impressionnistes (L’Église de Gréville, 1871-74).
La modernité de Millet a été reconnue par toute une génération d’artistes, de Monet à Dali, en passant par Van Gogh, particulièrement fasciné par son œuvre. (Notice de Sophie Barthélémy, 2013)
Il s’agit d’une étude préparatoire à un tableau entré dans les collections du musée en 1969. » Notre-Dame de Lorette » fut peint par Millet en 1851 pour servir d’enseigne à un magasin de nouveautés au coin de la rue de Notre-Dame de Lorette et de la rue Saint-Lazare. Le propriétaire, Collot, était un amateur d’art qui collectionnait les œuvres de Corot, Rousseau, Diaz, Dupré, Delacroix… et qui avait acheté à Millet son tableau » Paysans et paysannes allant travailler dans les champs « . Millet réalisera aussi un portrait de Collot en 1851 (Musée du Louvre, en dépôt au Musée des Beaux-Arts de Dijon).
Le tableau a été réalisé au début de l’installation de Millet à Barbizon. La Vierge est représentée debout, se détachant sur un ciel bleu, la tête entourée d’étoiles, les pieds sur le croissant de lune, lui-même porté par une nuée. Elle reprend donc l’iconographie classique de l’Immaculée Conception. Millet a reconnu lui-même sa dette envers la peinture espagnole qu’il a connue, en particulier, grâce à la Galerie espagnole ouverte au Louvre en 1838.
Ce dessin présente quelques variantes avec la composition définitive de Millet. On notera enfin qu’il est réalisé sur un fragment de gravure de Van der Meulen. (Notice de Sophie Jugie, 2001)
Historique : 2000, Paris, Hôtel Drouot, 20 octobre ; Collection De Bayser
Œuvres en lien : 5036 Notre-Dame de Lorette
Don de la Société des Amis des Musées de Dijon, avec le concours du Conseil Régional de Bourgogne (F.R.A.M.), 2000
© photo François Jay