Directeur d’études émérite à l’École pratique des hautes études.
Conférence du jeudi 14 décembre 2023
Édouard Chavannes apparaît comme un collectionneur à part parmi les habitués des collections, un collectionneur temporaire. Certes il collecte, mais pas pour lui-même, il collecte pour des besoins d’étude de ce qu’il rassemble et d’autre part les objets qu’il étudie sont destinés à être conservés dans des institutions publiques. A la différence de nombres de collectionneurs, ce n’est pas un amateur, ni même un connaisseur, c’est un spécialiste.
Après avoir réussi l’agrégation de philosophie et obtenu un diplôme de chinois, Chavannes part pour la Chine où il demeure quatre ans, de 1989 à 1993. Là, en étudiant l’histoire ancienne de la Chine, il découvre d’autres témoignages que les sources imprimées, ce sont les traces gravées sur pierre des écrits du Premier Empire et celles des représentations de scènes mythologiques et historiques qui figurent dans des chapelles funéraires. Les unes comme les autres sont reproduites et diffusées par leur reproduction sous forme d’estampages, empreintes encrées reproduisant très fidèlement les gravures suivant un procédé propre à la Chine et au monde sinisé.
Après son retour en France et sa nomination de professeur au Collège de France, le sinologue français devient bientôt un spécialiste de l’étude de ces empreintes qu’il a souvent d’abord à identifier. Lors d’une mission en Chine, en 1907, il constitue un important corpus qui lui permet de poser des jalons fournissant un point de départ et une direction dans l’essai de reconstitution du cheminement de la sculpture chinoise à la fois dans le temps et dans l’espace. D’une part, avec les premiers éléments de la sculpture des tout premiers siècles de notre ère, puis avec ceux d’un art bouddhique ayant subi l’influence de l’Inde. C’est donc par l’étude que Chavannes constitua une collection d’environ deux mille estampages qui furent versés à des organismes publics.
Jean-Pierre DRÈGE