Cafetière, argent ciselé et anse en bois (ébène), vers 1780. Don de la S.A.M.D. au Musée des Beaux-Arts de Dijon en 2021 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay.
Cette cafetière de Louis I Radepont, orfèvre originaire de Chartres et installé à Auxonne (v.1723-1792) est une pièce remarquable qui appartient à une petite série dont l’extraordinaire qualité alliée à un style quelque peu passéiste (les références à Hugues Sambin sont indéniables) sont propres à cet orfèvre. Il a manifestement eu plusieurs commandes de pièces similaires puisque nous connaissons en effet au moins cinq exemplaires, avec des variantes dans le décor et la forme de l’anse dont une cafetière conservée au musée Magnin à Dijon.La cafetière tripode aux pieds sabot avec onglets allongés est en argent ciselé : son décor reprend un vocabulaire connu des orfèvres parisiens du milieu du XVIIIe siècle : mascaron, motifs floraux et végétaux, coquille , feuille de vigne et grappe de raisin. Le couvercle bombé s’orne d’une rocaille flanquée de volutes de feuillage et est surmonté d’un bouton de rose. L’anse de bois est sculptée en forme de dauphin. L’exécution est particulièrement soignée et témoigne d’une grande maîtrise de l’artiste.
La collection d’orfèvrerie du musée des Beaux-Arts est importante, mais peu de réalisations de cet orfèvre sont conservées dans ce fonds (seul un ensemble de 4 salières lui est attribué). Cet exemplaire vient donc compléter cet ensemble et illustre le dynamisme et la qualité des ateliers bourguignons de la fin de l’époque moderne. Avant la recherche conséquente menée par le service de l’Inventaire dans les an nées 1990 – qui a abouti à la publication de l’ouvrage sur les orfèvres de Bourgogne en 1999-, l’orfèvrerie bourguignonne restait encore mal connue, faute de sources archivistiques et de pièces conservées. Pourtant la Bourgogne a été une région particulièrement active dans le domaine, en témoignent le nombre d’orfèvres installés à Dijon, mais aussi dans les plus petites villes comme Auxonne, Semur en-Auxois ou Chalon.
L’orfèvre Louis Radepont a ainsi eu un rôle important à Auxonne : originaire de Chartres où son père était lui-même orfèvre, il accède par trois fois au statut d’échevin avant de remplacer le maire démissionnaire entre 1789 et 1790 puis est élu lieutenant colonel de la garde nationale. Il possède une boutique place Notre-Dame et semble avoir une clientèle importante sur toute la région. Son fils lui succédera mais la profession déclinera dans les années 1840 au profit d’autres ateliers bourguignons.
L’entrée de la présente cafetière dans les collections du musée des Beaux-Arts permet donc d’illustrer l’importance de la production bourguignonne de la fin du XVIIIe siècle avec cette pièce tout à fait remarquable.
Sandrine Champion