Conservatrice en charge des collections chinoises à la Fondation Baur, Musée des arts d’Extrême-Orient à Genève
Conférence du jeudi 23novembre 2023
Le développement sans précédent des ventes de l’Hôtel Drouot dans la seconde moitié du XIXe siècle en France et l’ouverture forcée de plusieurs pays d’Asie par les puissances occidentales se traduit par l’apparition d’un marché de l’art asiatique dans lequel figurent en bonne place les porcelaines chinoises. Importées massivement en Europe depuis le XVIIIe siècle, elles deviennent, au XIXe siècle, de véritables objets d’étude. Albert Jacquemart (1808-1875), collectionneur érudit, est l’un des premiers occidentaux à tenter une classification savante des porcelaines chinoises, derrière laquelle se dessine les débuts d’une expertise. Dans le même temps, certaines techniques de fabrication chinoises, qu’il s’agisse d’émaux ou de couverte de grand feu, font l’objet de toute l’attention des porcelainiers français, à l’image de la manufacture de Sèvres, qui diligente des missions pour obtenir des échantillons de matières premières en Chine.
Devenu objet de collection à part entière, la porcelaine chinoise est ardemment recherchée par certains tels qu’Octave du Sartel (1828-1894) ou Ernest Grandidier (1833-1912) qui se dévouent entièrement à la quête de ces œuvres, et valorisent leurs collections par des publications richement illustrées. Au fil de ces écrits, se lit une histoire de l’expertise sur ces œuvres, tantôt enrichie, tantôt déconstruite par un marché en pleine expansion. En essayant de restituer le point de vue de quelques collectionneurs, marchands, collecteurs, voire de chimistes de cette époque, cette conférence rend compte de plusieurs décennies d’appréciation, de questionnements et collecte des porcelaines chinoises en France.
Pauline D’ABRIGEON