terre vernissée, Asnières, 1910-1920. Don de la Société des Amis des Musées de Dijon en 2011. © musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay.
Hauteur : 34,5 cm ; Largeur : 25 cm ; Profondeur : 7,3 cm.
André Metthey est né en Côte d’or, a vécu de deux à quinze ans à Dijon où il a fréquenté quelques mois les cours d’art industriel de l’École des beaux-arts, puis travaillé comme graveur. À Paris, il s’exerce à la sculpture d’ornement et la décoration. Appelé à Auxerre pour son service militaire, il suit des cours du soir de dessin. En récompense d’un prix de sculpture, il reçoit un livre qui va décider de sa carrière : « L’histoire de la céramique » d’Édouard Garnier.
L’artiste fait ensuite sa carrière à Paris, plus précisément à Asnières, où il installera un four de potier.
A l’instar de Carriès, André Metthey travaille en solitaire et réalise l’ensemble de la fabrication, de la conception à la réalisation, poursuivant en cela l’évolution amorcée fin XIXème vers un art céramique comme expression d’une personnalité. En rupture avec le courant dominant austère de l’époque, Metthey aspire à une céramique haute en couleur en faisant appel, dans un premier temps, aux peintres. Cette collaboration se fait avec les plus grands : Denis, Rouault, Vlaminck, Maillol, Derain, Roussel, Van Dongen, Roussel, Vuillard, Luce. Elle est favorisée par le célèbre marchand Ambroise Vollard, qui fera don des céramiques aux musées de Grenoble, du Petit-Palais, des Arts décoratifs. Metthey obtient ensuite des récompenses pour des pièces qu’il réalise seul ; une grande exposition lui est consacrée au musée Galliéra en 1910.
Une deuxième période voit l’abandon de la faïence stannifère au profit des terres vernissées (peut-être inspiré en cela par Palissy), qui lui conviennent mieux ; sur ce support, les émaux conservent tout leur éclat. Une certaine robustesse des formes, de larges touches de tons éteints, une fougue d’exécution caractérisent ces pièces. Y succèdent des décors figurés et dynamiques, accompagnés d’un changement de style. Les effets un peu sauvages des compositions florales vivement brossées laissent place à une technique plus précise et à des rythmes plus aboutis même s’ils sont plus saccadés : Danses frénétiques, cortèges d’animaux, guerriers nus poursuivant des gazelles, femmes jouant avec des biches, athlètes terrassant des lions. Avec des tons plus nuancés de gris, rose, vert, bleu, la palette devient plus harmonieuse ; le rouge éclatant est sa dernière conquête. Avec ces dernières pièces, Metthey annonce les thèmes chers à l’art déco.
Les pièces acquises par le musée en 2011 datent de la même période 1910-1920 que les modèles dessinés offerts par le petit-fils de Metthey au musée, en 1998. La figuration de personnages nus, souvent associés à des animaux, qui évoque de façon très allusive l’antiquité autant qu’un âge d’or primitif, est à replacer dans le contexte du « retour à l’ordre ». Ces formes très simplifiées, aux ombres marquées donnant le volume, s’accordent à la sobriété des formes et de la texture des pièces. « Il lui fallait choisir entre la belle matière qui ne s’obtient qu’aux hautes températures et l’éclat de la couleur qui ne résiste pas au grand feu » (H. Clouzot).
Metthey concilie le goût et l’art de la couleur (en particulier la mise en valeur réciproque des turquoise et bleu nuit, pour les pièces acquises) issus de son expérience avec les peintres « fauves », avec un goût de la plastique hérité des ateliers de sculpture qu’il fréquenta. (Notice de Rémi Cariel, 2011)